19/12/2016

Faire son marché au travail ? C’est possible !

Le forum « Agroecology in action » des 9 et 10 décembre derniers consacrait une partie de la matinée du vendredi à présenter une série d’initiatives d’agroécologie et alimentation solidaire inspirantes.

Parmi elles, la mutualité Solidaris Centre-Charleroi-Soignies présentait son projet « Paniers verts ».

Le concept ? Un producteur local installe son échoppe de produits locaux dans les bâtiments de la mutualité une fois par mois sur le temps de midi, permettant aux travailleurs d’acheter leurs produits de saison. Car consommer local, c’est « Bon Bon Bon » (bon pour la santé, bon pour la planète et bon pour le portefeuille).

Envie d’en savoir plus ? D’y trouver une source d’inspiration ? Tout vous est expliqué dans cette vidéo.

Retranscription

Valérie Bureau, coordinatrice du projet : « Au sein de la mutualité Solidaris, nous avons un projet d’entreprise qui traite de l’alimentation, c’est le "PEPS-A" (projet d’entreprise en matière d’alimentation). Tout ce programme est mené par Solidaris et son réseau et est développé par notre réseau associatif.

Au sein de ce programme, nous avons un projet original qui s’appelle "Panier verts" et qui vise à faire venir, au sein des bâtiments, un producteur local une fois par mois. »

Témoignages des travailleurs et du producteur

Romain Battistel, employé : « Ça permet aux collaborateurs de voir ce qu’il y a aux alentours, notamment en produits vraiment régionaux et super frais. Je pense que c’est une bonne initiative. »

Myriam Pegoretti, employée : « On sait d’où viennent les produits et ça fait vivre les petits producteurs locaux. Ce qui me plaît aussi c’est que, quand on regarde les poires par exemple, elles sont comme dans la campagne "Fruits et légumes moches" [1] et ça j’aime bien parce que c’est parfois les meilleurs. Le concept est vraiment bien, ça apprend aux gens qui n’achètent qu’en grande surface qu’il y a des petits producteurs.

Dans les fruits et légumes justement, quand ils sont trop calibrés, ce n’est pas normal. On dirait des OGM ! Je préférerais me priver d’autre chose mais pas de la qualité au niveau nourriture. Le goût, le bio autant que possible, le frais… la qualité avant tout ! »

Thomas Légat, producteur : « Les produits plus artisanaux et de plus de qualité ont un peu le vent en poupe, les médias sensibilisent assez fort les consommateurs à manger des produits de proximité et de meilleure qualité, donc je pense que c’est vraiment la raison pour laquelle ça marche »

Laurence Anus, employée : « J’aime la proximité (du fait d’être proche de notre travail) et de voir de beaux produits, essayer la dégustation et voir si ça nous convient. »

Une évolution dans le bon sens

Thomas Légat : « Un légume terreux peut encore déranger certaines personnes c’est une question de temps. Ma génération a encore un peu de mal par rapport à ça mais maintenant les écoles travaillent beaucoup là-dessus. Les enfants refont des petits potagers, on leur réapprend à cultiver. Ils se rendent compte que les légumes poussent réellement dans la terre et que pour les récolter, il faut admettre de devoir les laver. Que l’on n’a pas toujours tout prêt à manger.
Donc actuellement, on est un peu dans une phase de transition où les gens prennent conscience et transmettent quand même de bonnes informations à leurs enfants. »

Valérie Bureau : « Notre intention est de favoriser l’accès pour tous à une alimentation de circuit court. En effet, on est ici devant des produits non calibrés, des produits d’agriculture raisonnée, ce que beaucoup de nos collaborateurs ne connaissent pas au quotidien. »

Thomas Légat : « Si aujourd’hui la météo est un peu plus capricieuse, qu’on a de la grêle, des intempéries ou une tempête et que ça détruit une plantation complète, il faudra peut-être attendre 3 mois ou 15 jours, 3 semaines en fonction de la météo pour pouvoir à nouveau récolter des produits qui sont vraiment issus de notre ferme. »

Objectifs et défis du projet

Valérie Bureau : « Les objectifs derrière ce projet sont de 3 ordres et tiennent en un slogan : bon-bon-bon. Le fait de consommer des fruits et légumes de saison, c’est bon pour la santé (ce qui est bien entendu le rôle d’une mutualité), c’est bon pour la planète, l’environnement, et c’est bon pour le portefeuille. L’objectif est de faire passer ce message auprès de nos collaborateurs qui, eux-mêmes, peuvent être le relais auprès des affiliés qu’ils rencontrent.

Un des défis dans ce projet est de pouvoir fournir à nos collaborateurs tout au long de l’année des fruits et légumes de saison, des produits locaux. Parfois ils ne sont pas disponibles chez l’agriculteur avec lequel nous collaborons. Actuellement en effet, nous travaillons avec un seul producteur, ce qui est trop peu, mais la demande n’est pas encore assez conséquente pour pouvoir multiplier le nombre d’agriculteurs.

Un autre défi consiste à alimenter l’ensemble de nos collaborateurs. Nous sommes près de 900 travailleurs à la mutualité Solidaris Centre-Charleroi-Soignies et certaines personnes travaillent à l’extérieur. Devoir venir faire son marché dans les sièges centraux (La Hestre et Charleroi) est compliqué pour eux, ils ne peuvent pas rejoindre ces sièges facilement une fois par mois. C’est donc un défi étendre cette offre auprès de l’ensemble de nos collaborateurs. »

[1Campagne lancée par Intermarché France en 2014, consistant à vendre les fruits et légumes "moches" (trop petits, trop grands, trop gros, difformes, etc.) 30% moins cher ; pour en savoir plus, lisez la 2e partie de notre article "Le faux vieux" a la cote au rayon frais"