Les déterminants de l’accessibilité : un modèle

Mettre à la disposition des personnes une information correcte et accessible, les sensibiliser à l’importance d’une alimentation de qualité pour une vie en meilleure santé, les responsabiliser … voilà certainement des objectifs à poursuivre.

Mais l’information ne suffit pas pour que les gens changent de comportements, surtout lorsqu’il s’agit de publics précarisés. De nombreux facteurs individuels et collectifs influencent nos choix alimentaires.

Comment initier le changement ?

L’idée que l’alimentation puisse être un levier de la santé n’est pas une idée neuve et est le plus souvent connue du grand public. Comment expliquer alors les comportements "inadéquats" ? Et comment faire pour qu’ils s’améliorent ?

Les consommateurs ne sont pas les seuls acteurs dans la construction de leurs comportements alimentaires. Il existe une multitude de déterminants individuels et collectifs qui, en plus des champs des connaissances et de la prise de conscience, influencent les comportements alimentaires. Le contexte socio-économique, les stratégies commerciales, les divers messages de santé, les modes, l’offre … les influencent en profondeur.

Ces déterminants sont liés aux publics eux-mêmes, aux produits proposés ou au contexte de consommation. Dans notre modèle, nous avons regroupé l’ensemble de ces déterminants selon 5 axes d’accessibilité :

accessibilité financière et matérielle
 

accessibilité pratique
 

accessibilité via l’information
 

accessibilité sociale et culturelle
 

accessibilité psycho-sociale (expérience et compétence)
 

Agir sur l’ensemble des déterminants, de manière globale et transversale, plutôt que tout faire reposer sur l’individu constitue un réel tremplin pour le changement. C’est l’approche préconisée par la "promotion de la santé" (Charte d’Ottawa, OMS, 1986).

Chaque acteur a un rôle à y jouer : l’individu lui-même, bien sûr, qui conserve sa liberté de choix. Mais aussi le monde politique, les collectivités, les différentes composantes du secteur agro-alimentaire, les travailleurs de terrain.

Encourager sans culpabiliser

La médicalisation de l’alimentation substitue aux raisons gastronomiques ou symboliques (sur lesquelles s’articulent les décisions alimentaires) des raisons d’ordre médical.

Elle n’est donc en soi ni nouvelle ni problématique tant que le nutritionnel ne devient pas dominant et n’éclipse pas les autres univers alimentaires (goût, identité et socialité). Le risque serait alors d’opposer ce qui est vecteur de plaisir de ce qui est bon pour la santé, véhiculant ainsi un message contre-productif. Dans les modèles alimentaires traditionnels, le sanitaire n’est jamais le seul horizon de sens.