Le secteur alimentaire

Le système alimentaire actuel, dominé par l’industrialisation et les méthodes intensives, dans lequel le bas prix est la préoccupation dominante, est une impasse en terme de santé. Il est également énergivore, pollueur et gaspilleur.

Tous les niveaux de gouvernance, la société civile ainsi que le monde académique et économique ont pris conscience du fait qu’il n’est pas durable ; il endommage à la fois la santé et le futur de la planète.

Les (non-)perspectives du système actuel

En termes de perspectives, la croissance démographique, la diffusion du modèle individuel-consommatoire occidental, les changements climatiques (auxquels l’agriculture contribue) et la dépendance aux énergies fossiles de notre système alimentaire actuel vont présenter un risque majeur pour la sécurité alimentaire.

À côté de cela, notre système alimentaire qui promeut une augmentation de l’apport alimentaire et une nourriture déséquilibrée, couplé à l’inactivité physique, mène à une "société obésogène".

Et enfin, l’absence de politique réellement volontariste de la part des pouvoirs publics, laissant le champ largement libre à l’industrie alimentaire, a abouti à une extrême concentration des marques où les 10 géants mondiaux se livrent une concurrence effrénée.

Cela a conduit à réduire à la seule "politique de bas prix" l’accès à l’alimentation des plus précarisés. Qui, à son tour, a entraîné une (trop) forte pression sur les petits productions, les plongeant dans la pauvreté. Le nombre d’agriculteurs belges ne cesse de diminuer au cours des décennies, passant de 185.000 en 1980 à 75.000 en 2011.

L’industrie agro-alimentaire comme acteur du changement…

Est-il utopique d’imaginer un changement de politique des 10 grands groupes mondiaux ? Peut-être. Mais peut-être pas. La demande constitue un fort levier pour amener l’offre à s’adapter.

Aussi, la grande distribution détient-elle un poste-clé dans le chemin qui mènera au changement. Elle a déjà commencé en surfant sur la vague du mouvement consommateur : on voit fleurir, ces dernières années, des rayons bio et des rayons "produits locaux" dans nos grandes surfaces.

Elles peuvent aller plus loin en choisissant de mettre en avant des produits meilleurs pour la santé (têtes de gondoles, rayons à hauteur des yeux, promotion sur ces produits plutôt que d’autres … ce n’est pas les astuces marketing qui manquent !) Parallèlement, elles disposent de nombreux supports publicitaires pour sensibiliser le consommateur.

… avec l’aide des pouvoirs publics

La bonne volonté ne suffit pas toujours. Le rôle des pouvoirs politiques est de soutenir ce changement.

Endiguer la course aux bas prix – et donc généralement la malbouffe – suppose de donner à tous les publics les moyens de se nourrir correctement. Seule une politique sociale forte permettra un accès à une alimentation de qualité pour les publics précarisés.

D’autres moyens existent : les pouvoirs publics peuvent conclure des accords avec le secteur, réglementer la spéculation, baisser les taxes (TVA) sur les aliments sains, mener des politiques anti-gaspillage …

En conclusion

Nous osons croire qu’il est possible de renverser la vapeur en réunissant les bonnes volontés de part et d’autres et en restant à l’écoute des difficultés du consommateur. C’est aussi pour cette raison que la toute première recommandation de notre livre blanc est de mettre en place un Conseil de l’alimentation rassemblant tous les acteurs.