Le "faux vieux" a la cote au rayon frais
Des décennies de sélection pour favoriser la production intensive ont abouti à une uniformisation des formes et des goûts de nos fruits et légumes. Des légumes "parfaits", mais surtout parfaitement insipides se taillent le monopole dans les étals des supermarchés. Lassé, le consommateur en recherche de vraies valeurs et de qualités gustatives change ses habitudes et tente de retourner vers des variétés anciennes.
Une véritable supercherie !
Les légumes oubliés ont aujourd’hui le vent en poupe ! Trop, peut-être, car les industriels se sont vite adaptés à cet engouement. Ils ont développé de nouveaux hybrides, ressemblant aux légumes de nos grands-parents… sauf pour le goût ! De vrais faux-vieux légumes, fabriqués pour répondre à la demande du marché. Et il est bien difficile pour le consommateur de séparer le bon grain de l’ivraie entre vrais légumes d’antan et créations contemporaines travesties en variétés anciennes.
Ceci sans parler du coût environnemental de ces cultures !
C’est ainsi par exemple que les variétés de tomates "cœur de bœuf" des supermarchés ne poussent pas en plein soleil au sud de la France, mais dans de la laine de roche en Bretagne (comme la plupart des tomates françaises, d’ailleurs). Elles sont produites sous serre et tout au long de l’année, alimentées de manière totalement artificielle par un mélange d’eau et d’engrais.
Mais alors, que faire ?
De nombreux petits producteurs ont une approche qualitative et proposent leurs propres produits, en vente à la ferme ou sur les marchés. Le plus simple est finalement de se rendre au marché et de discuter avec eux de leurs modes de culture. Le plus souvent, c’est une belle rencontre qui vous attend, avec un producteur impliqué et passionné.
La prochaine vague : les légumes moches ?
Ce n’est pas parce qu’ils sont moches, qu’ils ne sont pas bons … Cette idée avait du mal à passer auprès du consommateur, habitué à des formes parfaites et des couleurs uniformes. Mais la crise économique a ramené le débat sur le gaspillage alimentaire au-devant de la scène.
Surfant sur la vague, une chaîne de supermarchés français a lancé une belle idée, en proposant des fruits et légumes "moches" dans un stand séparé et bien identifié. Soutenu par une campagne publicitaire bien orchestrée et 30% de rabais par rapport aux produits "normaux", le succès en magasin fut immédiat ! Mieux : les réseaux sociaux se sont emparés des affiches rigolotes, qui font le buzz. Les messages positifs sur cette campagne publicitaire sont un phénomène assez unique à l’encontre du secteur de la grande distribution, généralement très critiqué.
En réhabilitant les fruits et légumes moches sur ses étalages, la chaîne de supermarché relance la confiance que leur portent les consommateurs et donc la demande. Auparavant, ces fruits et légumes coupables de « délit de sale gueule » finissaient au mieux en produits transformés, au pire à la poubelle.
Cependant, la responsable des relations presse de la chaîne avoue : "On ne s’attendait pas à un tel succès. Nous prévoyons de généraliser le concept dans tous nos magasins mais ce n’est pas simple. C’est compliqué de demander aux producteurs : « Je ne veux que du moche »".
Dès lors, on ne peut pas s’empêcher de se demander si, après tant d’efforts pour nous fabriquer des légumes parfaits, l’industrie agro-alimentaires ne va pas bientôt s’évertuer à hybrider… des moches !